Portrait d’auteure : Diane Gavaud
Écrire pour relier l’intime à l’universel
Selon Diane Gavaud, « On a tous un rôle à jouer sur terre », dit-elle. Lorsqu’elle découvre la puissance du témoignage en écoutant une interview de Lady Gaga, l’écrivaine sent quelque chose s’éveiller au fond d’elle-même. Alors que la célèbre chanteuse évoque des agressions sexuelles subies et la grossesse en découlant, Diane Gavaud fait le lien avec ses propres histoires familiales… Elle réalise que sa prochaine mission sera d’écrire Le chemin de l’éveil, publié chez La Racine des Mots.
Pour elle, l’écriture s’impose à elle comme une nécessité, une manière de transformer la sidération en action, de transformer le silence en voix. Ses mots engagés visent à briser les silences et font l’effet d’un miroir dans lequel chacun et chacune peut observer ses failles… Et celle de la société.
Un parcours marqué par l’adversité et la résilience
Née et vivant à Anis, Diane Gavaud connaît très tôt ce que signifie se construire dans l’épreuve. Elle grandit avec une maladie rare et lourde, la myéloméningocèle, une forme sévère de spina bifida. Son quotidien est jalonné de contraintes physiques et médicales : troubles moteurs, complications neurologiques, hospitalisations répétées. Là où d’autres auraient cédé au découragement, elle choisit au contraire de transformer ce vécu en matière littéraire.
Très rapidement, Diane Gavaud utilise sa plume authentique dans le but de briser les tabous, de mettre en lumière les souffrances parfois invisibles ou invisibilisées, et de libérer la parole.
Avec sa première nouvelle, Être artiste et avoir un handicap, elle rend hommage à sa famille. Elle y raconte son parcours, celui de sa mère omniprésente, et les failles de son père, happé par l’alcool. Ce récit autobiographique lui permet de mettre en avant les mécanismes de résilience et de croissance personnelle insufflés par la créativité.
Deux ans plus tard, elle poursuit son témoignage engagé en abordant dans un nouvel ouvrage la question des maladies mentales et de la fibromyalgie.
Diane Gavaud, l’écriture pour libérer les silences
Autodidacte dans l’âme, Diane Gavaud n’a pas suivi le parcours classique des filières littéraires ou des cénacles universitaires. Son école ? La vie, pardi ! Avec pour sources d’inspiration ces femmes qui refusent de taire leurs blessures et osent les mettre en mots pour les porter haut, notre chère écrivaine vibre pour les voix de Martin Winckler ou de Laetitia Colombani.
Ce qui l’anime, c’est de mêler les sujets intimes et les thèmes sociétaux. Nourrie par la puissance des témoignages qu’elle recueille et qu’elle croise avec ses propres lectures et recherches, elle mêle avec brio la fiction et le vécu, afin d’en faire des écrits pleins d’émotions.
Elle revendique une écriture accessible, directe, ancrée dans la réalité. Pour elle, littérature rime avec partage et sensibilisation… Nous sommes bien loin de l’exercice de style réservé à une élite ! Cette conviction rejoint nos valeurs, à La Racine des Mots : publier des ouvrages qui forment des ponts entre les êtres.
La genèse du Chemin de l’Éveil
Avec Le Chemin de l’Éveil, Diane signe son troisième livre. Il s’agit sans doute du plus intime. Ce roman, s’inspirant de l’histoire de sa propre sœur, propose un récit puissant et émouvant.
Le livre suit les traces de Joshua, un homme découvrant qu’il est l’héritier d’un silence imposé, et d’Anna, marquée par un passé qui n’est pas le sien. À travers eux, Diane interroge le poids des secrets familiaux, la violence des héritages non choisis, et la capacité de chacun à se reconstruire.
Au-delà de l’intrigue, c’est un manifeste contre les violences sexuelles et les lois liberticides qui restreignent le droit des femmes. « Ce que j’aimerais que mes lecteurs retiennent, confie-t-elle, c’est qu’il ne faut jamais banaliser la violence, ni oublier que l’abandon est un traumatisme profond. »
Une vision littéraire tournée vers la justice
Ce qui guide Diane Gavaud, c’est une philosophie simple : le corps d’une femme doit être respecté. Ses livres, ses prises de parole, sa présence sur les réseaux sociaux (Facebook, Instagram, LinkedIn, TikTok) traduisent son combat : faire émerger des discussions nécessaires et constructives autour du respect, de la justice et de la dignité.
Se décrivant comme « têtue et volontaire », elle ne s’est pas laissée découragée face aux refus des maisons d’édition ou des retours décourageants. Sa persévérance est soutenue par deux mantras : « Failure only begins when you stop trying » (“L’échec commence lorsqu’on arrête d’essayer”) et cette phrase de son père : « La vie est un mur ; les intelligents passent, les cons restent. » Des devises qui en disent long sur sa résilience et sa persévérance hors pair !
Et après ?
Aujourd’hui, Diane a un nouveau manuscrit en chantier : l’idée d’un prochain livre n’est jamais loin. Elle continue d’écrire de courts textes, et surtout d’évoluer à travers les échanges avec ses lecteurs. Pour elle, les dialogues que tissent chaque ouvrage incarnent l’objectif absolu de son travail.
Elle rêve que ses récits puissent résonner au-delà des frontières, qu’ils rejoignent le combat des associations féministes, qu’ils deviennent des étendards de solidarité. Ainsi, Diane Gavaud n’est pas prête à cesser de témoigner, dénoncer, soutenir, et délier les non-dits.
Diane Gavaud fait partie d’une génération d’écrivaines pour qui la littérature n’est pas un refuge, mais une arme. Ses livres ne cherchent pas à détourner le lecteur du réel. Au contraire : ils le plongent au cœur des enjeux brûlants de notre époque. Et si Le Chemin de l’Éveil marque une étape décisive dans son parcours, c’est qu’il révèle ce qui guide Diane depuis toujours : transformer la douleur en force, l’intime en universel, et le silence en combat partagé.
Un livre à ne pas manquer, donc… Et à utiliser comme support de discussions riches et profondes, évidemment !
